Nous sommes nombreux (6) ce matin à quitter pour le Senehala Girls Orphanage. Linda a investi plusieurs heures ces dernières semaines pour organiser une petite fête de Noël, amasser des cadeaux pour chacune. Nous chargeons le tuk-tuk à fond avec les sacs de cadeaux, le haut-parleur portatif pour danse et musique. Un groupe part avant le mien pour aller acheter des grignotines, liqueur et autres douceurs pour ces jeunes filles peu gâtées.
La première heure se déroule comme prévu: un peu de travail sur l’anglais au moyen de jeux en groupe. Ensuite Nick met la musique disco sri lankaise; les filles dansent avec beaucoup de joie, on les regarde avec tendresse et on se joint à elles. Un espace au fond de la salle où nous donnons nos cours d’anglais et faire d’autres activités de bricolage, est occupé par quelques membres du personnel féminin du Senehala pour faire de la couture et probablement nous surveiller. Quelques minutes à peine après le début de la danse, l’une d’elles sermonne les filles en cingalais nous empêchant ainsi de comprendre. Résultat: la musique cesse et les filles se regroupent en troupeau comme des moutons effrayés par des loups. Linda tente de négocier avec la matrone en bleue – rien n’y fait. On tente de convaincre les filles de déguster les gâteries posées sur les tables, nous essuyons un non catégorique.
Certaines sont en pleurs. Même Linda se réfugie derrière un bâtiment pour pleurer sa colère avant de revenir pour appeler Janaka. Il arrive après 30 minutes, mais en attendant, c’est la mutinerie – les filles sont pétrifiées par les propos de la matronne. On ne saura jamais la menace qu’elle leur a servie. Janaka discute avec les responsables et la directrice, et vient s’adresser aux filles pendant un autre 30 minutes. Une feuille de présences dans un des registres que l’on doit signer à notre arrivée aurait disparue et les professeures se sont plaintes que les filles préféreraient les volontaires… Aaaaah, la maudite jalousie féminine! La fête reprend sans trop d’enthousiasme pour la dernière heure, le plaisir n’est plus au rendez-vous. On leur remet leurs cadeaux de Noël: brosse à dent, dentifrice, stylo, crayon de couleur. Mais les filles seront punies… on les privera de la présence des volontaires pour une semaine.
Je m’empresse de luncher pour marcher un peu dans le quartier que je n’ai pas eu le temps encore d’arpenter. Puis j’ai envie d’être seule, de réfléchir, de faire quelques photos. Les Sri Lankais me regardent, me saluent, les enfants sont curieux. Sur le retour, une femme sortant de sa cour me regarde avec le sourire, on se dit bonjour. Elle parle assez bien anglais. Elle y va des questions usuelles: what’s your name, where are you from, when did you arrive, why are you here, how long do you stay, etc. et à mon tour de lui demander:
– What’s your name?
– Nemalatha
– Where are you from?
– Sri Lanka
Et nous voilà parties pour un bel éclat de rire. Les Sri Lankais ont un grand sens de l’humour. Ma matinée décevante venait d’être balayée par un magnifique rayon de soleil. Elle m’invite à entrer chez-elle pour m’écrire son numéro de téléphone. Elle me présente ses deux grands fils. En discutant, je lui demande où sont les plus belles plantations de thé que j’aimerais bien visiter au cours du week-end. Elle m’écrit trois noms sur le même bout de papier. Ici pour visiter l’île, vaut mieux le faire avec chauffeur-guide en tuk-tuk ou taxi. Elle me demande si j’ai un guide. Je lui dis que je vais vérifier avec Janaka pour une référence. Elle m’offre avec empressement que son mari, propriétaire d’un tuk-tuk, et elle me servent de guide ce dimanche. Je crois bien que je vais accepter.
Hier après ma matinée cauchemardesque, j’étais assignée au Ruhuna Children’s Home tout comme cette après-midi.. J’arrive à 14h30 au lieu de 15h afin de quitter plus tôt. Arrivant la première, j’apporte la réserve de couches, soit environ 24. On distribue les couches au compte-gouttes au Ruhuna Children’s Home, sinon le personnel apporterait les couches à la maison. Donc, on place le sac en haut de l’étagère près de la table à langer, on en met 2 ou 3 sur la table. Puis on repasse 10-15 minutes plus tard, on en remet 2-3 autres. Hier, au moment où j’amenais un des enfants dans l’enclos près de la table à langer, je vois une des responsables prendre une des couches et la mettre sur une tablette sous la table. Après avoir déposé l’enfant, sans commenter, je me penche sous la table, reprend la couche et la dépose sur la table.
Afin de ne pas être trop surchargée de travail, les employés évitent de faire boire de l’eau aux enfants. Davantage de couches à changer = autant de couches à laver. Linda m’indique où prendre les bouteilles ayant été stérilisées, où les remplir d’eau bouillie, ainsi que l’endroit où les placer le temps que l’eau refroidisse un peu avant de faire boire les enfants. Cela déplait beaucoup aux employés.
Sur un ton plus léger et joyeux, maintenant! Ce soir a lieu la distribution des vêtements apportés par la famille du Qatar (ci-dessus). Je suis la photographe officielle. (Photo ci-dessous: Angela, Martin et Janaka)
Une quinzaine de familles musulmanes viennent prendre ce dont elles ont besoin.
Les enfants prennent au sérieux la session de photos.
Et même les plus grands! Deux des employés permanents à la Mission: Isoulu et -je vais lui demander son nom, promis-
Bonjour Louise,
Quelle tristesse de voir que cette avant-midi fut perturbée et amochée par l’attitude de cette « matrone » Quelle frustation pour toi et sûrement quelle peine pour les enfants…
J’espàre que tu manges à ta fin, que tu te reposes bien pour renouveler tes énergies corporelles et mentales apràs ces journées exigeantes.
Question personnelle : Es-tu toi aussi végétarienne ou en voie de le devenir ?
De notre côté, pour t’encourager, nous avons de plus en plus de participants à nos séances de tai-chi.
Bisous et on t’accompagne de tout ceur. Les enfants ont tellement besoin de nous les adultes mais les bons adultes…Bonne continuation.
Mireille et Pierre-Yves
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Bonjour à vous deux,
La viande n’est pas très présente au menu, parfois un plat de poisson, parfois du poulet. La cuisine végétarienne sri lankaise est très complète, nourissante, c’est une explosion de saveurs dans la bouche à chaque bouchée, et parfois une explosition dans le sens de ‘chaleur’. Je n’ai eu le temps de m’intéresser davantage au nom des plats.
Bisous bye bye et merci de vos bons commentaires!
Lue
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je te dit juste MERCI Louise!!
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Chère nièce,
Je me demandais justement hier, mais où est donc Vanessa?? Tu as dû m’entendre. Ton MERCI est très éloquant et merci à toi de donner signe. Bisous tendresse! XXX
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Bonjour chère Louise. Tu nous fais vivre par tes récits, toute une série d’émotions. Ces émotions suivent fidèlement ta narration qui par sa simplicité, nous permet de ressentir l’authentique de ce que tu vis. Je ne me perdrai pas en éloges, tu n’aimes pas les mièvreries. Je te dirai simplement qu’à travers tes récits, j’ai confirmé l’attachement et le profond respect que j’ai envers Louise, notre Louise.
Baisers de Montréal.
Alain
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Cher Alain,
Hey ben, je me demandais bien qui était ce alaindexes. Merci de tes commentaires. Bisous xxx
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Wow, les filles seront privées d’aide parce que quelques profs sont jalouses? C’est tellement insensé! Et que dire de ce vol de couches… C’est la nature humaine qui entre en jeu j’imagine. Quand on manque soi-même de ressources, le fait de les manipuler à longueur de journée doit certainement créer de la tentation.
Merci encore une fois de partager ces moments avec nous! Je me sens privilégiée de pouvoir suivre ton quotidien là-bas, c’est une réalité dont on entend très peu parler, et recevoir le témoignage des émotions par la même occasion, c’est bouleversant. On te voit côtoyer l’horrible, mais aussi la joie, et c’est déroutant.
Je te souhaite les plus belles expériences du monde! xxxx
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Salut Loue,
Accepter l’incompréhension pour toi doit te demander beaucoup surtout pour des enfants. Tu vas devenir la déesse de la compassion. Les bonnes intentions et les bons gestes restent toujours les gagnants dans ces circonstances là. Passe une belle journée, le meilleur reste à venir sûrement
Jude
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Chère Judith,
C’est une vraie bouillie d’émotions, de contradictions. J’essaie de ne pas perdre pied en me concentrant sur l’observation, sans juger. Ne pas intervenir lorsqu’un enfant se fait frapper car la faim le fait pleurer… C’est à peu près cela que je voie en ce moment.
Je t’aime précieuse amie et bisous à toute la famille!
Lue xxx
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La manipulation est constante par besoin de survie, de contrôle, etc. Toutes les réponses peuvent être valables car toutes les natures sont présentes ici également. Merci de m’écrire chère nièce. Tendresse xxx
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