Vendredi matin 10h30, Maya, Nick (jeune couple de 19 ans d’Angleterre) et moi quittons avec notre chauffeur Sanath, un des employés de Janaka, pour un trekking bien particulier: l’ascension nocturne de l’Adam’s Peak (Pic d’Adam, photo ci-dessous) ou Sri Pada, un pic de 2 243 mètres de la chaîne de montagnes: Samanala. Le Pic d’Adam est un lieu de pélerinage pour quatre religions, ce qui en fait un lieu unique au monde.
(Selon le Lonely Planet) Situé dans un secteur splendide du sud de la région montagneuse, ce haut sommet alimente l’imagination depuis des siècles et constitue un but de pèlerinage depuis plus de 1 000 ans. Les rois Parakramabahu et Nissanka Malla de Polonnaruwa firent construire des ambalama (auberges pour pèlerins) sur la montagne.
Il est appelé Adam’s Peak (l’endroit où Adam posa le pied sur terre après avoir été chassé du paradis), Sri Pada (l’Empreinte sacrée laissée par le Bouddha sur le chemin du paradis) ou Samanalakande (mont aux Papillons, où les papillons viennent mourir). Certains attribuent l’immense empreinte au sommet du pic à saint Thomas, premier apôtre venu en Inde, ou à Shiva.
Nous mettons plus de six heures pour parcourir les 250 kilomètres entre Galle et l’Adam’s Peak. La route est très sinueuse et étroite par endroit, obligeant Sanath à jouer du reculons par moment pour laisser le passage aux véhicules plus lourds que le nôtre (c’est la règle). Et la conduite toujours aussi hallucinante des sri lankais me fait tordre les orteils à quelques reprises. Les 50 derniers kilomètres constitués que de virages – très serrés et saccadés – en épingles finissent par me donner la nausée.
Quels paysages! Les pics et vallées verdoyantes, les plantations de thé en pente vertigineuse et les travailleurs récoltant les jeunes feuilles de thé nous en mettent plein la vue! Notre chauffeur parle très peu anglais, mais lorsqu’il entend nos oohh et aaahh, il s’arrête pour que nous puissions prendre des photos.
La saison des pèlerinages commence le jour de la poya de décembre et continue jusqu’à la fête de Vesak, en mai; janvier et février sont les mois les plus animés. Le reste de l’année, le temple au sommet est déserté et, entre mai et octobre, des nuages couvrent souvent le pic. Durant la saison, des pèlerins et quelques touristes gravissent les innombrables marches ( 5 200) qui mènent au sommet. L’ascension se fait généralement de nuit, car dans le journée la montée est assez pénible à cause de la chaleur.
Nous arrivons à Dalhousie, fin de la route, lieu de notre hébergement et lieu du départ (à pied – 7 km) pour l’ascension du pic. Je constate beaucoup de ressemblance dans ce village avec celui d’Aguas Calientes, au Machu Picchu, Pérou: l’atmosphère, les odeurs. On y retrouve les gens qui ont parcouru de longues heures de route pour faire l’ascension du Pic et les travailleurs qui s’occupent des pèlerins et autres grimpeurs.
La photo ci-dessus est prise tout juste à gauche de notre hôtel. Nous procédons à notre enregistrement et nous suivons nos porteurs de bagages jusqu’à nos chambres. Au bout de quelques étages, nous sommes à bout de souffle. Nos chambres sont situées à flanc de montagne… à 126 marches de la réception et de la salle à manger. On se dit que ce sera une bonne pratique pour cette nuit. (Photo ci-dessous: Nick et Maya sur le balcon de nos chambres)
On descend à la salle à manger pour le souper de type buffet servi à 18h30. Nous nous asseyons à la même table que deux montréalais; j’en profite pour faire une petite jasette en français, mais rapidement nous revenons à l’anglais par respect pour mes compagnons. Nous rencontrons notre guide, Darmand, qui nous posent des questions sur les vêtements que nous porterons, chaussures, etc. Il pleut, il fait presque froid (très froid pour les sri lankais) et les interruptions de courant se succèdent. Nous soupons éclairé de lampes frontales et les douches devront attendre. Ma courte nuit s’annonce difficile avec une humidité telle que les draps me semblent mouillés; je frissonne, je prépare mes vêtements pour la montée en m’éclairant de ma lampe frontale. Vite au lit pour quelques heures de sommeil.
Je dors de 21h à 1h. L’électricité est revenue, je peux donc prendre une douche très chaude. Étant en avance, je prends le temps pour photographier ce joli village, Dalhousie, du haut de mon balcon. Je prépare mon matériel photo au cas où nous pourrions profiter du levé du soleil, mais il est peu probable. Je prends le risque de me charger inutilement, une dizaine de livres, mais bon… Je frappe ensuite à la porte de mes voisins, il est 2h, on doit rejoindre le guide dehors à 2h30.
Un groupe de neuf allemands nous accompagnera, ce qui nous surprend, car lors de notre négociation, nous avions demandé le prix pour un guide privé. On verra cela plus tard. Nous partons sous une fine pluie, qui s’intensifiera jusqu’à la moitié du parcours et cessera ensuite.
La première demie du parcours m’est particulièrement difficile au niveau respiratoire. Ma petite bronchite me tiraille encore, alors mes capacités pulmonaires sont réduites, mes broches râlent un peu. Le guide s’en aperçoit et s’informe de ma condition. Ça va, je vais réduire mon rythme et surtout j’aime pas être prise dans un peloton. Nous croisons des gens qui redescendent; le guide s’informe du temps qu’il fait au sommet: vents assez violents et très froid. Donc, tout le groupe doit ralentir pour ne pas arriver à l’avance. On s’arrête dans un tea house, abri rudimentaire où l’on y vend quelques barres et breuvages énergisants, on y trouve de longs bancs pour se reposer les jambes et un hôte pour nous préparer un thé. Nous ferons ainsi trois ou quatre arrêts, mais je les trouve trop longs; on grelotte rapidement car nos vêtements sont complètement détrempés par notre transpiration et non par la pluie.
Dans le dernier tiers, Nick, Maya et moi prenons la tête et gravissons les marches, une à la fois, une à la fois et une à la fois. Elles sont de différentes hauteurs et surfaces, alors chaque instant requiert toute notre attention. Je respire mieux et plus profondément.
Nous arrivons au sommet vers 6h, il est couvert de pèlerins enveloppés de couverture. Notre guide nous suggère fortement d’entrer dans le temple pour voir l’empreinte du pied de Bouddha ou d’Adam, mais pour se faire, il y a une longue filée et on doit enlever nos chaussures. J’hésite… je crains de me geler les pieds et de ne pas retrouver mes deux chaussures à mon retour. Je m’exécute… ouf, pieds nus sur la céramique à près de 5 degrés celcius avec vents violents, vous oubliez vite les 5 200 marches que vous venez de grimper! Hahaha! Nous ne verrons pas le lever du soleil, mais le ciel est magnifique! Et c’est TELLEMENT haut!!
Nous ne traînons pas au sommet. Darmand nous suggère d’emprunter un segment qui nous permettra de descendre une petite section – sans marches – dans la jungle. Nous acceptons tous, mais avant le départ, il nous enseigne comment descendre les marches, technique que je connaissais déjà, mais fort utile de se le faire rappeler après une courte nuit et des heures d’efforts. Nous sommes tous épuisés, nous devons donc être extrêment vigilants, car la descente peut s’avérer plus difficile que la montée.
Après trente minutes et à l’intersection de la piste pour la jungle, nous nous arrêtons dans un tea house improvisé pour une pause pipi et un sympatique tamoul nous prépare le thé. Nous nous reposons dans sa maison, assis sur son lit et ça jase par fort! 🙂 Puis il y a cette lumière dans chacun de nos yeux, la réussite de l’atteinte d’un sommet… We did it!
Mes deux compagnons et moi descendons à un très bon rythme, nous arrivons trente minutes avant le groupe à 9h15. Tellement de marches… je suis convaincue qu’ils en ont rajoutées depuis notre montée! La dernière demi-heure est occupée par une discussion amusante: nous parlons du p’tit déjeuner qui nous attend et de ce que l’on souhaite avoir dans notre assiette, de l’odeur du café, etc. Nous sommes AFFAMÉS! De toute évidence, le personnel est habitué de voir arriver les pèlerins au bout de leur force. Dès que nous nous attablons, une grande assiette de toast pâles et chaudes nous est servi, une assiette d’ananas, ainsi que du café… très faible. Il faut tout de même retourné se coucher! On commande également des oeufs. Je n’ai jamais autant mangé pour un p’tit déjeuner. Nick a engouffré six toasts et quatre oeufs en 15 minutes. Personne ne parle: on bouffe! Ensuite le moment le plus difficile… monter les 125 marches pour aller se coucher!
Petit repos jusqu’à 13h, Sanath nous attend pour une balade dans les alentours. Nous voulons aller voir une chute située pas très loin de Dalhousie, selon Janaka. Ouf… descendre encore les 126 marches, puis elle sont toutes très hautes. Chaque pas résonne dans les palettes de mes genoux. Maya a de la difficulté, Nick doit la soutenir. Le personnel rigole, nous ne sommes pas les premiers!
C’est tranquille dans l’char! On circule dans un coin perdu et notre chauffeur se perd à quelques reprises. Les demandes d’informations se compliquent car la zone est habitée par des tamouls, dont la langue est le tamali. Samath en connait quelques mots, on finit par trouver la fameuse chute – pas si fameuse, mais jolie. On doit marcher environ un kilomètre pour s’y rendre, mais ça tombe bien, on a vraiment besoin de faire un peu d’exercice! Hahaha! On doit passer sur le terrain privé de cet homme (photo du haut à gauche), tout heureux de nous servir de guide. Ce nid de fourmis (en haut à droite) retient mon attention quelques minutes (le temps de m’accroupir et de me relever). Quelques minutes plus tard, le dessus de mes pieds pique, je pense aux fourmis, je jette un oeil, je vois rien et je me dis qu’il doit y avoir de l’herbe sur le dessus sous mes lanières. Je les enlèverai rendue à la voiture.
Au moment où nous remercions le monsieur pour ses services, Maya remarque qu’il a du sang sur mes pieds. L’homme, à la vitesse de l’éclair, se jette à mes pieds!! Ou sur mes pieds, qu’importe, il me retire mes sandales à toute vitesse et m’enlève trois sangsues, dont une entre mes orteils et les deux autres, chacune sous ma sangle sur le dessus de chaque pied. Ouf, quelle aventure! Il est dit ici que si une sangsue te choisit, cela apporte beaucoup de chance. Et en paquet de trois, svp! 🙂
Après une bonne nuit de 10 heures de sommeil, nous quittons dès 8h dimanche pour une longue journée de voiture sur les routes sinueuses. Le soleil nous accompagne. Nous voyons donc à nouveau cette région montagneuse sous un autre angle. Elle est vraiment magnifique!
Louise, nous nous inquiétions, Jean-Paul et moi, n’ayant plus de messages de toi… Quelle belles photos et descriptions de ton ascension! C’est vraiment magnifique pour nous qui te lisons…j’imagine que pour toi cela a dû être tout à fait exceptionnel et de Grandeurs insoupçonnées.
Passe une super de belle semaine et prends bien soin de toi… avec trois sangsues à tes pieds, j’imagine que tout ira pour le mieux pour toi.
Nous déneigeons ta voiture régulièrement car ici il neige assez souvent, mais c’est beau car tout est blanc.
à bientôt, Roger
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Roger, désolée de vous avoir inquiétés. Je croyais bien avoir la possibilité d’écrire pendant mon court séjour à l’Adam’s Peak. J’ai bien hâte de voir ce beau manteau blanc sur notre belle province et merci pour le déneigement! Bisous à vous deux xxxx
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He Loue, t’as réusi enfin à monter ta fameuse montagne. Je suis réellement contente pour toi et très fière aussi hihihi . Passe de très bons moments avec ta gang cette semaine et mets en plein la vue pour les plus précieux.
J’ai hâte de te revoir et c’est pour bientôt
Jude xxx
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Ouais… je l’ai montée! Mais je t’avoue Joude, juste à toi, que les doutes m’ont assaillie à plusieurs reprises. J’ai bien failli revenir sur mes pas. À bientôt! xxxx
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Allo !
Oufffff j’ai eu peur 2 jours sans nouvelles ,je croyais que pt tu t’étais fais attaquer par Banco le chien hahahaha.
Tes photos sont magnifiques ,ainsi que ton récit .Au plaisir et prends soin de toi xxx
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Bien vivante Lucie! Hahaha! Et on a réglé le cas de Blanco! Merci de tes commentaires toujours aussi enthousiastes, ça m’aide à maintenir ma motivation pour écire. Bisous xxx
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