Jour 27 – Why don’t you sit?

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Un peu de terre-à-terre quelques instants pour changer de zone émotionnelle. Pus capable de faire mon lavage à la main! Je change de vêtements deux fois par jour; je lave morceau par morceau dans ce foutu p’tit lavabo. T-A-N-N-É-E! Parfois je me dis, je pourrais porter ce vêtement une autre fois. Je le tourne de tous bords, l’examine attentivement… ça semble beau, je le sens… Hum non, l’inspection reniflage envoie tout au lavage. Par exemple hier, je portais un capri beige (ici on doit se couvrir le genou), fraîchement lavé, pour donner mon cours d’anglais chez les nursees. On ne s’assoie pas par terre, il fait pas trop chaud, un deux heures propre-propre quoi. Sur le chemin du retour, il me vient la pensée que je vais me changer dès mon arrivée afin de porter ce capri à nouveau mercredi.

En arrivant chez Janaka, je remarque que Chloé a deux grosses gouttes de sang sur le bras. Je lui donne un mouchoir, elle essuie son bras… rien ne saigne. Alors nous voilà toutes, Chloé, Paula et moi à s’examiner pour voir qui saigne: j’ai du sang sur un pied, plusieurs gouttelettes sur le bas de mon pantalon et sur mon polo jaune pâle! Mais qui saigne ainsi, bordel??? Probablement un des chiens qui s’est secoué près de nous à notre arrivée. Je monte à ma chambre (encore avec douleur) et constate qu’une douzaine de gouttelettes de sang ornent mon pantalon tant sur le devant que derrière. Allez, au lavage!! Hey, que ça fait du bien d’en parler! Hahaha!

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(Photo ci-dessus: cette dame est la plus affectueuse de toutes. Dès que je m’installe avec une chaise près d’elle pour lui appliquer de la crème, elle se colle la tête sur la mienne, me prend la main à deux mains et elle exprime toute sa joie.)

J’initie Chloé (19 ans) et Matt (42 ans) chez les elders ce matin. Je les informe sur les chaises trouées et autres éléments à connaître, car ce sera bientôt à eux de porter le flambeau. Ils ont le trac – oh, que je les comprends. On fait le tour ensemble, je les présente à chacune. J’envoie Matt avec une employée pour vadrouiller un peu, il va ensuite du côté des hommes et revient enchanté de toutes ses jasettes avec eux. Chloé est toute impressionnée de ses premiers massages, elle en a mal aux bras. Je lui suggère de mettre moins de tension et d’ajouter de l’attention. Je les amène maintenant tous les deux à la rangée des chaises trouées avec ces femmes très vieilles aux jambes tellement asséchées, car trop ignorées. On s’installe côte-à-côte, en face d’une femme (chacun) et lentement on applique de la crème sur les jambes, que l’on fait bien pénétrer, puis sur les bras… Matt est très ému, Chloé également. Ils seront de bons volontaires, j’en suis certaine.

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On fait un saut au supermarché pour faire encore une fois l’achat de chocolat et pop-corn. C’est trop agréable de les gâter que je ne peux m’en empêcher. On passe la traite également à tous les employés à la cuisine, aux chambres, etc. Il y a une dame – début soixantaine – paralysée d’un côté (elle faisait Marie au party de Noël) qui n’est pas avec les autres. Elle travaille assise à un bureau où elle fait des traductions de la sténo au cingalais. Je dois passer près d’elle pour prendre et porter la clé où l’on range nos effets personnels. Je la salue à chaque fois, hello, how are you, bye bye, see you soon etc. En lui apportant le chocolat aujourd’hui, je m’informe un peu plus sur ce qu’elle fait, etc. Elle pose la main sur mon bras et me dit en me fixant dans les yeux:

Why don’t you sit?
– ………….

Je ne sais pas. Je croyais la déranger à chaque fois que je passais près d’elle et que je la saluais. Sa paralysie faciale (déformante) l’empêche probablement de sourire, la rendant ainsi moins accueillante. Why don’t you sit? Pourquoi ne pas vous asseoir? Depuis, cette phrase me trotte dans la tête. Une si petite phrase, une question toute simple auquelle je n’ai pas répondu, car ce n’était pas vraiment une question, par le ton, par le regard. Ce qu’elle m’a dit, c’est: Pourquoi ne pas vous arrêter?

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Quelques petits moments épineux à l’orphelinat cet après-midi. Mais tout d’abord, Chanathka va mieux, pas de fièvre aujourd’hui. Une volontaire l’a dans les bras à mon arrivée et dès qu’elle m’aperçoit, elle se met à sourire de toutes ses dents. – Elle me reconnaît! Je la récupère et l’installe dans son pousse-pousse pour aller dehors. La volontaire me dit que les employées ne veulent pas; je m’en fous, on sort – pas question de la laisser dans cette ambiance de cris et de pleurs incessants. Alors je repère la plus tought des employées, je me dirige vers elle et lui demande si je peux sortir Chanathka dehors. Sachant qu’elle se gonflerait d’orgueil d’avoir à me donner sa permission, je l’obtiens. Et si elle avait dit non, j’y allais quand même! 🙂

Je reçois un texto d’Alison, qui est en pétard car elle n’a pas pris le bon train pour se rendre à Kandy; elle s’est retrouvée à Hatton et elle est maintenant dans le bus pour aller à Kandy… 3 heures de route supplémentaire. Alors, je lui réponds par texto tout en m’éloignant un peu de Chamathka pour être certaine que l’on ne me croie pas en train de faire une photo. Quinze minutes plus tard, une des vilaines s’approche et m’accuse d’avoir fait des photos, encore. Là, mes gros yeux sont devenus un peu plus gros, ma voix un peu plus forte et j’ai même fait un geste que j’aime pas faire, je l’ai pointée du doigt en lui disant ce que je pensais.

Hey, que ça termine bien une journée ça! 🙂

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