Il a plu toute la nuit, ce qui n’est pas habituel à cette période-ci de l’année. Je me demande dans quel état seront toutes ces ruelles de terre battue et de sable. Puis il fait très froid pour les sénégalais, mais faut pas demander combien il fait, personne ne le sait. À mon avis, en fin de journée il fait environ 15-17 degrés celcius. C’est très froid pour un talibé en culotte courte et t-shirt. Certains ont plus de chance, ils ont trouvé ou reçu une tuque, un 2e chandail, un pantalon et qui sait peut-être une couverture avec un peu plus de chance.
Le mercredi matin est congé pour les volontaires travaillant aux soins; les talibés quittent les daaras pour aller quêter car ils n’ont pas de cours jusqu’au samedi. Je suis invitée dans la famille de Rebecca pour pouvoir utiliser leur wifi. Ouais… y’a des lacs dans les rues et ruelles. On a bien ri, car pour entrer chez elle, j’ai dû longer une porte de garage en m’agrippant aux grillages pour ne pas glisser dans la grande nappe d’eau. Je suis toute heureuse de rencontrer sa mère, très gentille, et d’enfin publier mon article sur le blogue. Je m’étais procurée une clé usb internet. Orange m’a fait perdre un temps précieux par de multiples appels de service infertiles où chacun me promettait un retour d’appel qui ne venait jamais. J’ai appris par le web que cette clé était incompatible avec la version de mon MacBook. Ils ont refusé de me rembourser, je me suis choquée, ils m’ont remboursée ce matin (42$… tout de même). Voilà, c’était la version courte. Coudonc, ch’tu en train d’chialer moé la-la?? Hahaha!
Nous rejoignons Elena, 21 ans de Suisse, pour le lunch à un petit resto en ville. Nous y mangeons pour la deuxième fois un excellent couscous aux légumes. On convient d’aller au Parc National de Djoudj toutes les trois ce samedi. Il s’agit du troisième Parc Ornithologique Mondial de l’UNESCO où nous trouverons des milliers d’oiseaux migrateurs, des pélicans cormorans, aigrettes, canards, crocodiles, singes, etc.
Toutes les trois faisons équipe avec Général pour la tournée de quelques daaras à 16h. Le hasard donne encore des cas difficiles à Rebecca… jusqu’à ce que ce soit mon tour. Dans la deuxième daara, un enfant s’installe devant moi et il me désigne de son petit doigt une plaie à peine visible sur le dessus de son deuxième orteil. Il est facile à faire sourire. Je commence à nettoyer et désinfecter son orteil. Il a comme une galle de sable qui se défait lentement au fur et à mesure que je la frotte, et qui fait de plus en plus mal au gamin également. Il se tortille, lâche de petits cris. Je le fais rire en le faisant respirer comme une femme qui accouche.
– Général, qu’est-ce que je fais avec son orteil. En appuyant dessus, il me semble y avoir de l’infection, mais ça semble très douloureux et je veux pas lui faire mal plus qu’il ne le faut.
Il regarde cela de près.
– Enlève la galle avec une pince, il y a du pus.
– Bon ok, mais je vais tenter de la ramollir davantage.
Plus je presse sur le bobo, plus il crie et commence à tirer sur son pied pour l’enlever.
– Général, viens prendre ma place, je veux que tu me montres comment enlever tout cela. Je lui fais mal pour rien.
– Mais non, c’est une tapette!
– Hey qu’est-ce que tu dis là?? On dit pas ça à un enfant, voyons donc! C’est tellement péjoratif.
Tous les enfants autour rigolent et chahutent. Cette daara est celle où les enfants sont les plus violents entre eux.
– Tu sais pas ce que ça veut dire, c’est un mot wolof.
– C’est aussi un mot français. Ça veut dire moumoune, fillette, qu’il n’est pas un homme, etc. Faut pas l’humilier ainsi devant les autres!!
Il prend ma place. Le gamin hurle, pleure, se débat tellement que nous sommes à présent cinq ou six personnes pour réussir à le maîtriser au sol. Je lui caresse le visage d’une main, lui tient une jambe de l’autre. Rebecca se place derrière, l’entoure d’un bras et lui parle pendant tout ce temps, d’autres enfants lui tiennent les membres. Général me cède sa place pour que je termine le pansement et va offrir un peu de tendresse au petit. Les autres enfants se moquent du gamin encore en pleurs. Elena a la présence d’esprit de demander à Général de dire aux enfants de cesser de rire et de s’éloigner.
Ça jasait pas fort en sortant de cette daara.

Ces gamins qui ont l’air bien sage le sont que pour la photo. Ils ont bien rigolé en tentant de me convaincre de manger avec eux… la prochaine fois, d’accord?
Les volontaires et le staff de Project Abroad se rencontrent à la Résidence à 19h. On prend un verre pour souligner le départ de Corinthe et Nathalie. L’ambiance est détendue et amicale. Je donne un cours de photographie accélérée à Arame, staff à Project Abroad. Elle aimerait bien que je donne un ou deux cours de photos à ses étudiants en journalisme. Je suis d’accord, elle va voir comment on peut arranger ça. On discute à deux ou à trois de notre journée, puis ensuite chacun repart vers sa famille respective pour le dîner.
bonjours Louise le premier jours de l’année….bonne année a toi avec toutes tes projets …bonne santé aussi et plein de bonheur xxx je prend ma matinée pour te lire merci je voyage avec toi!
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Tu es un exemple de courage et de détermination! Chapeau!
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Ouf, je t’avoue que le courage, les talibés en ont à revendre.
A+ Louise
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Wow , fantastique comme expérience . De la vrai médecine comme j’aime ! Je te dirais que j’ai eu peur que ton jeune ait »la mangeuse de chair » . Y a t-il des visites médicales … parfois ?? Bonne journée !
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Oui, c’est assez difficile. Je vais m’informer, mais à ma connaissance, le jeune est amené chez le médecin en cas de besoin. Je pense qu’il y a occasionnellement des volontaires médecin.
Bye bye xx
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