Le jeudi est jour où les volontaires restent au Centre pour effectuer différentes tâches. Je prends connaissance pour la première fois d’un horaire affiché au tableau. Tous les matins, notre journée débute par le nettoyage des locaux. C’est pas le sable qui manque ici et avec la pluie de la veille, le dessous de nos chaussures transportent davantage de sable à l’intérieur. Nous nettoyons également la terrasse, car aujourd’hui nous recevons les talibés et les enfants de la rue pour effectuer des jeux avec eux et leur servir un repas. C’est ainsi tous les jeudis. Ça leur fait connaître le centre, le staff et les volontaires et les incite à s’y présenter en cas de besoin.

Dès le ménage terminé, c’est la rencontre hebdomadaire des volontaires et du staff du centre, le moment où chacun parle de son expérience de la semaine, de ses suggestions, de qu’il ou elle a aimé ou pas aimé. L’écoute est attentive et respectueuse. Les dernières arrivées ont des questions sur le nombre de daaras, nombre d’enfants, pourquoi on ne visite pas les 350 daaras, etc. On doit comprendre le fonctionnement du centre, ses buts, capacités et limites financières également. Tout cela afin que notre travail est un sens.

Je demande une rencontre plus privée avec Atou, Général et Amina pour discuter de l’usage que je pourrai faire avec l’argent reçu d’une vingtaine d’amis, de membres de ma famille et relations de travail. Près de 2 000$ ont été amassés jusqu’à maintenant. Je dis jusqu’à maintenant, car je poursuis la levée de fonds jusqu’au 31 décembre. Avec ce que je vois ici, je ne suis pas gênée d’insister: si vous hésitiez, n’hésitez plus, FAITES UN DON MAINTENANT! Ici la notion de riche, plus riche ou moins riche n’existe pas. Tu es pauvre, très pauvre ou moins pauvre.

Nous établissons une liste de priorités en fonction de certaines conditions: l’aide doit être directe pour les talibés et je participe à l’achat et la distribution des produits. Nous achèterons 2 ballots de pulls, 1 ballot de couvertures, des nattes (pour mettre sur le sol dans les pièces où couchent les enfants), des médicaments et peut-être la réparation du toit. Atou me reviendra ce soir avec les prix et devis pour le toit. Déjà je sais que j’aurai peu pour les médicaments; c’est dommage car à tout moment, un enfant arrive au Centre pour des soins, Atou ou Elena court à la pharmacie pour acheter tantôt du fil à recoudre des plaies, tantôt du désinfectant. Nous sommes limités dans le nombre d’enfants à soigner par l’incapacité d’établir et de maintenir un inventaire acceptable.

Là c’est l’hiver pour eux, les enfants ont très froids ce qui les rend plus vulnérables aux maladies, aux blessures. Un talibé possède que les vêtements qu’il a sur le dos, rien d’autre, pas de sous-vêtement, et lorsque ceux-ci tombent en lambeau, il recherche un nouveau morceau de vêtement dans les dépotoirs.

Je rejoins les autres volontaires à l’emballage du jus de bissap Il est fait à partir de fleurs d’hibiscus et beaucoup de sucre. Les enfants ont besoin de cette dose d’énergie. La veille, Amina met à tremper les fleurs dans de grandes bassines. Nous filtrons ensuite les fleurs. Et viens l’emballage du jus; nous versons environ une tasse de ce jus dans de petits sacs individuels (plus ou moins 200), nous nouons ensuite le sac. L’enfant n’a qu’à mordre un des coins au bas du sac pour boire le jus. La posture penchée au-dessus des bacs est passablement inconfortable après près d’une heure.

Ensuite, c’est la coupe des pains baguettes en portion individuelle, et sur le sens de la longueur pour mettre à l’intérieur une fine couche de ragoût de foie (du fer essentiel). 12h30 – On nettoie encore tout le centre et les volontaires s’en vont dans leur famille pour un peu de repos avant l’arrivée des enfants à 16h.

Je me promène parmi les enfants qui demandent pas mieux que de se faire tirer le portrait. J’aurai de nombreuses photos à imprimer (format carte d’affaires) pour la prochaine rencontre. Après environ trente minutes de jeu, les talibés sont placés à droite de la terrasse et les enfants de la rue, à gauche. Lalile, le responsable de l’enseignement, leur enseigne quelques règles de bienséance, politesse et respect. Nous donnons de la nourriture en premier aux talibés et s’il en reste (il semble qu’il en reste toujours), on en donne aux enfants de la rue. Ceux-ci vivent dans le quartier et ont une famille, quoique très pauvre. Les petites filles de la rue ne peuvent venir avec les garçons, pour leur sécurité au cas où il y aurait du grabuge entre les gamins, on leur donne aussi sandwich et jus de bissap à l’extérieur.

Atou me donne par écrit le coût des biens à acheter. Demain matin, nous irons ensemble à la banque et ensuite nous prendrons les ballots de pulls au marché. Les autres achats se feront la semaine prochaine.

Cliquer sur les photos pour agrandir et voir de plus près ces petits tannants du quartier.
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