Enfin un joli lever de soleil ce matin. Le désert n’est pas très loin, alors les vents des derniers jours ont transporté beaucoup de sable et de poussière, voilant ainsi le ciel et nous privant de la chaude lumière du soleil. Ne sachant pas qu’elle était la cause exacte de ces couchers et levers de soleil quasi totalement camouflés, il m’était venu la pensée que les talibés avaient déjà suffisamment une vie remplie d’injustices , qu’en plus la nature les privaient de la beauté d’un lever et d’un coucher de soleil.

Elena, Sarah, Rebecca et moi se rejoignons à 8h devant l’Hôtel de la Poste pour notre expédition au Parc Djoudj. J’arrive 15 minutes à l’avance. Sédou, un employé de l’Hôtel, attend un transport. Nous sympathisons et après cinq minutes de discussion:

– Tu viens chez-moi prendre le thé?
– Non Sédou, je pars avec des amies au Parc Djoudj.
– Ah! Mais tu viendras demain?
– C’est très gentil de m’inviter et beaucoup de Sénégalais le font. Vous êtes un peuple très accueillant. Toutefois, je dois refuser d’aller chez-toi. Nous sommes sous la responsabilité de Project Abroad et il nous est fortement recommandé de ne pas accepter d’aller chez les hommes comme ça que l’on ne connait pas. Tu comprends, il s’agit de notre sécurité. Chez-moi, ce n’est pas approprié d’aller chez un étranger après quelques minutes de discussion sur la rue. Nous venons régulièrement à cet hôtel après le travail, donc si tu es dans le coin, tu es le bienvenu pour te joindre à nous.
– Oui, oui, c’est bon, je comprends très bien.

On se fait très fréquemment inviter ainsi, c’est très particulier. Les premiers jours, je ne savais pas trop quoi répondre autre que peut-être, pas aujourd’hui, etc. alors mieux vaut être directe et franche pour qu’il n’y ait pas d’ambiguité. Les filles arrivent une après l’autre. La veille, Sarah s’étant jointe au groupe, j’ai laissé un message à Ismaila, le guide, pour l’en informer. Il s’avère que j’ai fait erreur en composant le numéro, il a pas eu mon message. Il envoie donc le chauffeur récupérer un plus grand véhicule, car nous serons six personnes avec le guide et chauffeur. Ce qui nous donne le temps, à notre grande joie, de s’installer à la terrasse de l’hôtel pour un bon café toubab (un café au lait)! 🙂 Ça vous démarre une journée ça! Et voilà, nous quittons pour la Parc Djoudj, une heure trente de route et de pistes.

Selon mon Géo Guide: La visite du Parc national de Djoudj est la plus belle excursion « nature » à effectuer dans les environs de St-Louis: 16 000 ha de lacs, de mangrove et de marigots au sud d’une boucle du fleuve, où nichent plus de 2 millions d’oiseaux migrateurs et sédentaires, de quelque 350 espèces. Cette diversité remarquable a valu au parc son inscription au patrimoine mondial par l’Unesco. Exemplaire aussi l’implication de la population des sept villages établis à la périphérie du parc.

Voir enfin de la nature après une dizaine de jours à circuler dans les rues poussiéreuses de Saint-Louis et au coeur des dépotoirs, nous rend folles de joie. Nous nous installons toutes les quatre à l’avant de la chaloupe pour une belle balade de 15 km aller-retour dans ce paradis des oiseaux. Ismaïla nous renseigne sur le développement du parc et sur les différentes espèces. Il est généreux et d’agréable compagnie.

Sur la route de retour à Saint-Louis, nous sommes épuisées par cette overdose d’air pur, de vent et de soleil. Ismaïla dépose quatre filles affamées à un restaurant marocain pour combler notre besoin en légumes crus et frais. Après quelques courses, je passe par chez Rebecca pour un peu de travail sur Lightroom (développement de photos) et voir son père. Dommage, il fait la sieste. Je récupère mon chandail et lui donne un peu de détergent à lessive. La solidarité entre les volontaires est exemplaire. Sans se connaître, on se prête, on s’emprunte et on se donne plein de trucs, même de l’argent, car si le plus petit billet que l’on a avec soi est 5000 francs (11$), on ne pourra pas payer la course en taxi de 500 francs. Les petites coupures (500, 1000 et 2000) sont plus difficiles à obtenir.

Voilà je rentre dans ma famille vers 18h30 bien satisfaite de ma journée. D’autres enfants de Maman Oumou et leurs petits sont arrivés pour la période des fêtes. Une douzaine de personnes occuperons la maison jusqu’au 5 janvier.