6:30 – Mardi – Ça sent bon ici tout près de la mer. Entre autres, ça annonce une journée chaude, superbe. Mado s’élance dehors dès que j’ouvre la porte. Elle prend de l’assurance et goûte au grand air avec un plaisir évident!! À l’horaire aujourd’hui, je visite le site de Castle Hill à Placentia tout près de mon camping et ensuite je m’installe pour trois jours à St. John’s. Mais tout d’abord, je dois parler de cette rencontre sur le ferry…
-Dimanche soir sur le ferry, lorsque je lui ai demandé si je pouvais relater notre rencontre et un peu de son histoire, elle a poliment refusé. Le lendemain matin au petit déjeuner, elle est venue me rejoindre. Elle m’a dit oui. Et je dois raconter son histoire… elle m’a bouleversée, elle fait partie de mon voyage.
Trois femmes voyageant par choix en solitaire se rencontrent sur un ferry. À un moment, je raconte à Barbara et Espérance (Colombie-Britannique) que plusieurs de mes proches féminines me trouvent bien courageuse de voyager seule, qu’elles auraient peur de le faire. Et j’explique à chaque fois, qu’effectivement, j’ai peur. Je suis craintive. Et Barbara abonde en précisant avec justesse que cela nous amène à être doublement, triplement prudente à tout égard. Ne pas avoir peur serait d’une grande imprudence!
Un peu plus tard alors que Barbara nous a quitté, je questionne Espérance sur sa carrière, sur ses motivations à parcourir aussi rapidement le Canada coast-to-coast à vitesse grand V. Elle me dit que c’est très important pour elle d’aller mettre le pied à l’eau à Cape Spear (Cap d’Espoir, le point le plus à l’est du Canada et de l’Amérique du Nord). Cela semble avoir beaucoup d’importance pour elle… quelque chose m’échappe ou peut-être pas… j’insiste…nous en sommes à notre troisième verre de vin…
- Ah oui?? J’irai également!! Mais pourquoi c’est si important?
- Je dois surmonter mes peurs…! me dit-elle en prenant une grande respiration et relevant la tête. Mais rapidement, ses yeux se remplissent de larmes, ses épaules se voûtent un peu plus et je remarque à ce moment à travers ses yeux gris une telle douleur…
- Mais de quoi as-tu peur?
- Peur d’aborder les gens, peur d’être abordée, par n’importe qui…tous!
Elle est bouleversée, mal à l’aise, je comprends qu’il y a plus qu’une grande timidité…
- Oh… c’est un peu comme une thérapie??
- On peut dire… Lors d’un travail en Afrique pour une organisation humanitaire, un soir à mon hôtel, j’entends une querelle venant du passage. Je sors pour voir de quoi il s’agit et apporter mon aide si nécessaire… J’ai alors été brutalement agressée par ces hommes… Je ne peux pas en parler davantage.
- …….. Pas nécessaire. Je vois l’inimaginable à travers ton regard.
Elle est donc revenue au Canada, sévèrement brisée, mise à la retraite. Elle a mon âge. Divorcée. Elle a de grands enfants. Elle est grand-mère. Et un jour, alors que se dessinait ses projets de retraite, sa vie a basculé dans l’innommable.
Au petit déjeuner, elle me montre un court vidéo d’elle sautant de joie devant le panneau annonçant son arrivée en Nouvelle-Écosse et criant: « I did it, I did it!! ». C’était un autre de ses buts de visiter une proche en NE. Ses larmes coulent abondamment… de joie cette fois.
L’histoire de Plaisance (Placienta) commence sous le signe des épreuves. En ce lieu, la France et la Grande-Bretagne se disputent la mainmise sur les pêcheries de Terre-Neuve. Les côlons et les pêcheurs affrontent les dures réalités de leur subsistance dans la froideur de l’Atlantique et le long des côtes rocailleuses.
Castel Hill joue un rôle crucial dans la lutte pour la possession de Terre-Neuve. Les Français fortifient la colline et le port au XVII siècle afin de protéger leurs importantes pêcheries de la morue. La France réussit à défendre Plaisance pendant la guerre, mais la colonie est cédée aux Britanniques lors du traité de paix de 1713. Bien qu’ils aient obtenu la mainmise sur Terre-Neuve, les Anglais maintiennent une garnison à Plaisance jusqu’en 1811. Son départ met fin à 150 ans d’occupation.
(Wikipédia)La tour Cabot a été construite entre 1898 et 1900 dans le but de commémorer le 400e anniversaire du voyage de Jean Cabot, ainsi que le 60e anniversaire du règne de la reine Victoria. Elle a été bâtie selon les plans de William Howe Greene, un architecte de Saint-Jean associé du Royal Institute of British Architects. L’édifice sert à l’origine d’édifice pour la signalisation maritime, fonction qu’elle maintient jusqu’en 1958. La tour est particulièrement célèbre pour être l’endroit qui a reçu la première transmission transatlantique de la voix humaine par la Canadian Marconi Company le 23 juillet 19201.
Un incendie et une explosion détruit l’intérieur de la tour en 1918 et l’intérieur est reconstruit l’année suivante. L’intérieur a été ensuite entièrement refait en 1977 et 1984
(Wikipédia) Signal Hill est une colline surplombant la ville de Saint-Jean de Terre-Neuve. En raison de sa position stratégique, elle est le siège de plusieurs fortifications qui se sont succédé depuis le xviie siècle. Il a été désigné lieu historique national du Canada en 1951.
Signal Hill est célèbre pour avoir été le lieu où Guglielmo Marconi reçut la première transmission sans fil transatlantique, le 12 décembre 1901, transmission émise en Morse depuis Poldhu, en Cornouailles, Royaume-Uni1.
Henri, Criquette, Mado et moi nous installons au fabuleux camping urbain Pippy Park pour quelques jours. Nous avons un grand espace à l’abri des voisins en pleine forêt urbaine!! Et pas de moustiques, même à 30˚C!!
Distance parcourue: 155 km – Température 28-30˚C – Soleil mur-à-mur
C’est touchant! C’est ta grande ouverture d’esprit qui te permet de faire de si belles rencontres!
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Merci Diane! J’avoue avoir trouvé difficile de recevoir cette confidence à ce moment-ci. Bisous xx
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Merci à toi et à Espérance pour cette belle réflexion sur la peur, cet ennemi juré de la liberté.
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Et à travers Espérance, j’ai compris à quel point la peur n’avait pas de mesure. Merci Lucien, alias…
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