Jour 15 – Distance parcourue:  375 km – Total: 5 679 km – Il y a la « journée sans ma voiture », la « journée sans viande » et là ce sera la « journée sans ma caméra… ou presque »!  Je ne pourrai pas résister au coucher de soleil… 🙂 Je quitte Yellowstone et j’entre en Idaho.

8:15 – Ma voisine de gauche, Kathy, vient me saluer avant de partir.  Je l’ai rencontrée lundi soir lorsque je me suis installée au camping.  Fraîchement retraitée de son emploi dans les forces policières au Michigan, elle avait le rêve de s’acheter un motorisé et de voyager sur le continent.  Elle en est donc à son tout premier voyage, avec son gros VR flambant neuf, et ses deux chats!  :-). Âgés de 16 et 17 ans, dont un a une santé précaire, elle n’était pas question pour elle de les faire garder.  Ses chats ne sont jamais allés à l’extérieur.

J’indique à Kathy que leur président a maintenant son « Rushmore ». Je lui montre cette photo! Ce rocher a une grande ressemblance avec le profil de Donald Trump. Elle l’envoie tout de suite à quelques amis!!

À nos premiers échanges lundi soir, je discute avec elle des peurs, craintes ressenties en tant que femme qui voyage seule.  Et à ma grande stupéfaction, elle me dit avoir aussi très peur de voyager seule!  On jase de nos différents moyens de se protéger ou d’éviter de se mettre en danger.  Je lui montre ma bonbonne de poivre de Cayenne.  Elle me dit:  « Oui c’est bien, mais je préfère avoir mon gun avec moi! »…

Depuis 3 semaines qu’elle voyage seule, les quelques fois où elle a fait du « dry camping » (aussi appelé Boondocking – c’est-à-dire camper gratuitement sans service), elle a été inquiète. Elle s’était d’abord informée auprès des forces policières de la ville ou village pour se faire recommander un endroit « sécuritaire ».  Elle a suffisamment d’expérience par son travail pour vouloir à tout prix éviter de se placer en situation précaire ou à risque.  Elle ne veut pas créer d’occasion de…

Elle me fait quelques recommandations lors de « dry camping »:  mettre une ou deux casquettes de baseball sur mon tableau de bord et le soir, mettre une vieille paire de bottes d’homme à l’extérieur près de ma porte.  Je lui parle des moyens que j’utilise pour me placer en situations qui me rassurent. De bons échanges.

Nous discutons à nouveau hier soir.  Malgré ses 5’8″ ou 10″, sa stature carrée, une allure très athlétique, cheveux longs, mi-cinquantaine, belle apparence, elle est d’une grande timidité, réservée.  Elle me parle du Michigan, je lui parle du Québec. Je ne savais pas qu’une partie du Michigan (au nord) avait demandé à créer un autre état, sans succès.  Elle ne savait pas que le Québec avait tenté deux référendums.  Elle hésite à venir au Canada, car elle ne pourra pas avoir son arme avec elle. Je l’assure que le Canada est très sécuritaire; elle me regarde avec scepticisme…

• Je ne sais encore où je m’en vais ce matin, lui dis-je.
• Moi non plus! me répond-elle.  Mais je sais que je m’en vais vers l’est.  Vers chez-moi.
• Je sais que je m’en vais vers l’ouest.
• J’ai décidé de faire que du « dry camping » pour tout le reste de mon voyage! me dit-elle avec fierté… :-

À mon camping ce soir… Willow Bay Ressort à American Falls, sur le bord du lac!

Après son départ, je retourne dans ma roulotte et tout en me préparant pour le départ, j’écoute l’émission de Pénélope à Radio-Canada sur le web.  Elle reçoit Alanis Obomsawin, défenseuse des peuples autochtones.  Elle dit avoir eu peur très souvent, avoir encore peur et ajoute: « Mais je n’ai pas peur de la peur! »