8:00 – Je fais la « grasse » matinée. Mado fait la « grâce », tout court, tout le temps. Aussitôt levée, j’ouvre tous les rideaux (et il y en a plusieurs) et j’ouvre la porte pour prendre la température. Coup d’oeil devant sur le rocher, il est toujours là! Coup d’oeil vers l’île Bonaventure… Wow!! Vite j’attrape ma caméra, cheveux au vent (plutôt lousse, en touffe et en l’air), je cours doucement pour capturer ce moment fugace d’une douce lumière dirigée sur cette intrigante île en forme de baleine.

– Je fais visiter un immeuble industriel mixte avec bureaux que j’ai à vendre à côté de l’aéroport de St-Hubert. Les acheteurs potentiels, représentant d’Hydro-Québec, visitent accompagner de leur courtier immobilier. Mes clients aussi sont présents. Je reçois un appel de mon frère Jean-Paul, auquel je ne réponds pas car je suis en rencontre. Je mets mon cellulaire sur « vibration ». Jean-Paul rappelle à nouveau… Je m’excuse auprès de mes clients leur signalant que j’ai un appel important à prendre. Je me doute bien que l’insistance de mon frère n’est pas anodine.

Je rejoins le groupe et je demande à ce qu’on se rende dans la salle de conférence où il y a un grand écran. Je viens d’être informée qu’un avion de ligne a percuté l’une des tours jumelles. On s’y rend tous avec empressement. Il est presque 9h. On se demande s’il s’agit d’un accident… Quelques minutes plus tard, le deuxième avion percute l’autre tour. On sait à ce moment-là qu’il ne s’agit pas d’un accident. Personne ne parle dans la salle de conférence. On écoute RDI en silence, incrédules! Alors que la première s’effondre sur elle-même, l’un des représentants d’Hydro – d’un voix éteinte , sans nuance mais percutante, dit: « J’ai des chums qui travaillent là… » À cet instant, avec un noeud dans l’estomac, j’ai compris que ce drame ne se passait pas qu’à la télé, mais se passait aussi ici même, maintenant. Nous avions tous les yeux dans l’eau. On a quitté la salle de conférence à midi. Je n’oublierai jamais ce moment.

Je vais rester une autre journée ici. Il pleut sur toute la péninsule gaspésienne, rien de bien méchant – juste de l’averse tranquille sans vent, alors aussi bien saisir les moments d’éclaircis pour visiter le village et sa région immédiate.

Je rigole et parfois je me désole à repenser à la rencontre de cette femme travaillant à la Flat Earth Society à Terre-Neuve. Un de leurs musées était là sur ma route en 2017. Je ne savais même pas à ce moment-là qu’une telle organisation existait! Que des gens pouvaient vraiment penser que la terre est plate! Que notre Terre Mère puisse être « plate » est déjà vexant en soi. Mais ma rencontre avec cette femme, ma discussion avec elle suscitent encore chez-moi de vives émotions. J’argumente avec elle et lui parlant de Julie Payette qui est allée dans l’espace:

– Julie Payette est allée dans l’espace. Elle a fait des photos et on voit bien que la terre est ronde! Vous n’avez pas vu ses photos?
– Non! Es-tu allée toi? L’as-tu vu de tes yeux la terre?

Tout est souvent question de « point de vue ». Qu’est-ce que je voie au moment où j’y suis? Mais lorsqu’il y a une petite fenêtre de divergence, – comme ces quelques cents pieds à me déplacer sur le quai jusqu’à ce que le trou disparaisse et que le rocher se trouve attaché visuellement au continent, le dérapage peut devenir incontrôlable.

SVP n’oubliez pas de signer vos commentaires! J’aime savoir qui me fait ce plaisir! 🙂